Le 4 novembre, Les Surligneurs et Siren Analytics ont présenté MARQUEUR, un nouvel outil d’aide à la vérification des faits touchant au droit international humanitaire. ODIL a pu assister à la présentation du projet.
En 2024, l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo a décompté 61 conflits armés dans le monde : c’est le plus grand nombre de conflits recensé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sur le terrain, l’espace médiatique est saturé de fausses informations : le travail des journalistes, qui documentent les événements au péril de leur vie, est alors d’autant plus indispensable. Raconter la guerre, c’est aussi toucher au sujet du droit international humanitaire, pourtant souvent occulté dans les productions médiatiques. Jusqu’ici, il ne faisait pas l’objet d’un outil permettant aux journalistes sur le terrain et ailleurs de s’en emparer. C’est l’objectif de MARQUEUR, un outil d’intelligence artificielle qui automatise le processus de vérification des déclarations publiques au regard du droit international. Disponible en trois langues (français, anglais, arabe), il a été développé par Les Surligneurs, Siren Analytics et l’université Saint-Joseph de Beyrouth, dans le cadre d’un projet de jumelage soutenu par l’Organisation internationale de la francophonie. ODIL a assisté à la première présentation de l’outil, en présence de Nelly Pailleux, directrice des opérations des Surligneurs, de Jessica Chemali, cheffe de projet IA chez Siren Analytics, et du journaliste Arthur Sarradin.
Le principe est le même qu’avec un grand modèle de langage (LLM) : écrire une déclaration publique relative au droit international humanitaire pour obtenir de l’outil une analyse sourcée, au format adopté par Les Surligneurs avec une étiquette “nuancé”, “vrai” ou “faux”. Les réponses de MARQUEUR sont basées sur plus de 7000 références juridiques (traités, résolutions des Nations Unies, décisions des cours internationales de justice et des tribunaux spéciaux). « Plus il y a de contexte donné autour de l’affirmation, plus la réponse de MARQUEUR sera précise », ajoute Jessica Chemali, cheffe de projet IA chez Siren Analytics. Les sources peuvent être consultées directement par l’utilisateur. Depuis le début du projet, celles-ci ont été revues deux fois par an, mais la base de données n’est pas mise à jour en direct, au fur et à mesure des décisions de justice : ainsi, comme à chaque fois que l’on s’appuie sur un outil d’intelligence artificielle pour de la vérification des faits, il reste essentiel de doubler sa recherche d’une vérification humaine. « La différence avec ChatGPT, c’est que les textes que l’IA consulte ont été choisis par des chercheurs et sont tous répertoriés en tant qu’analyse légale ou de doctrine », précise Jessica Chemali.
L’été dernier, les porteurs du projet ont présenté MARQUEUR lors d’une formation à Beyrouth sur le legal checking. C’est dans ce cadre qu’Arthur Sarradin, correspondant au Liban pour Libération, LCI/TF1 et Radio France, a pu essayer l’outil. Il a pu lui poser une question portant sur une enquête réalisée l’année précédente sur l’usage du phosphore blanc sur des villages du sud du Liban par l’armée israélienne. Pour lui, l’outil peut représenter « un gain de temps » mais aussi remédier au « sentiment d’illégitimité » des journalistes qui ne maîtrisent pas les questions juridiques. Il a également remarqué la « rigueur sur les citations des sources » de l’outil, « une IA qui doute », capable d’établir un « panorama des controverses juridiques sur les questions mobilisées ». Pour Arthur Sarradin, « on a souvent occulté cette question du juridique, de la chaîne de responsabilités. L’une des solutions, ça peut être des outils simples qui nous permettent de remettre la lumière sur ce pan de l’information qui a presque disparu de la couverture du conflit [à Gaza, NDLR] ».
L’outil MARQUEUR est gratuit pour les journalistes qui travaillent en zone de conflit et les petites ONG. Un modèle payant sera disponible sur une plateforme en cours de création.
Pour en savoir plus, suivez notre formation sur le legal checking avec Vincent Couronne, cofondateur et directeur des Surligneurs.
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