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Comment utiliser WhatsApp pour la vérification de faits ?

Nous consacrons une nouvelle formation à la question de la lutte contre les désordres de l’information en circuits fermés. Valdez Onanina d’Africa Check est notre invité et formateur.

Classée deuxième parmi les plateformes de réseaux sociaux préférées au monde (source : Digital Report 2024), l’importance de WhatsApp dans la lutte contre la désinformation est majeure. Valdez Onanina en sait quelque chose. Il dirige la rédaction francophone d’AfricaCheck, basée à Dakar, qui utilise WhatsApp notamment pour inviter leurs lecteurs à envoyer des suggestions de fact-checks. La messagerie de Meta est un moyen idéal pour joindre ses audiences -directement sur leur téléphone- et leur présenter un contenu, rappelle notre formateur. Une réflexion éditoriale est nécessaire, selon lui, pour mener à bien une stratégie pertinente sur ces plateformes.

Celui qui est également contributeur à la Maison des Reporters a partagé avec ODIL ses conseils pour lutter contre les désordres de l’information en circuits fermés, sur les messageries utilisant le chiffrement de bout en bout, lors d’une formation disponible ici :

Voici ce qu’il fallait retenir de son intervention :

De l’importance des limites. Une précision utile avec laquelle Valdez Onanina débute son propos : « Il est question de faire la différence entre l’intrusion dans la vie privée d’une personne et le travail de vérification de faits, ainsi que la différence entre l’espionnage et la détection de narratifs ou de contenus de désinformation », explique le rédacteur en chef d’Africa Check.

La collaboration avec les plateformes. Le premier conseil que Valdez Onanina souhaite donner est d’établir une collaboration avec les plateformes : « Nous avons de la chance qu’en Afrique, la vérification des faits arrive à maturité (ndlr : Africa Check a été créée en 2012). Les organisations ont la capacité d’entrer directement en contact avec les plateformes ». Sur les chaînes de diffusion, il est nécessaire de proposer la fonctionnalité permettant à un utilisateur de signaler une fausse information ou de limiter la diffusion massive de messages. Notre formateur pense qu’il est utile pour les fact-checkeurs de demander à WhatsApp d’accorder plus de visibilité à leur chaîne de diffusion.

Intégrer le public. Chez Africa Check, la rédaction pratique le crowdsourcing. Elle invite les publics à envoyer des suggestions éditoriales aux journalistes (exemple de campagne de désinformation, idée de fact check). « Intégrer le public dans la stratégie de monitoring nous permet d’avoir des sujets à vérifier qui ont pu passer sous notre radar, et je ne pense pas qu’il y ait meilleur radar que celui du public. » Cette interaction permet de toucher précisément à ce qui intéresse les publics.

Ne pas oublier les méthodes traditionnelles de vérification de faits. Le travail purement journalistique doit rester la priorité, selon Valdez Onanina. « La grande erreur que beaucoup de gens font quand ils commencent le fact-checking, c’est de croire qu’il faut tout laisser aux outils… Ça ne marche pas. ». Toujours allier outils, par exemple utilisant l’IA générative & méthodes de travail traditionnelles, recoupements etc.

Sensibiliser & éduquer. C’est peut-être l’outil le plus important pour lutter contre les désordres de l’information sur les messageries, selon le fact-checker. Le premier rempart contre la désinformation en circuits fermés est de créer des utilisateurs avisés, explique le journaliste. « Il faut amener nos publics à prendre du recul, à apprendre à douter. Les organisations de fact-checking sont là pour réaliser ce travail pour le public. » Il conclue en rappelant l’importance pour les fact-checkeurs d’occuper ces plateformes. Les désinformateurs, eux, y sont déjà largement présents.

Ressources :
SaytuSEN2024, l’alliance de vérification des faits autour de l’élection présidentielle 2024 au Sénégal
Guide de vérification des notes vocales d’Africa Check
-Envoyer une demande de vérification de faits à Africa Check, en savoir plus.
-Formation Outils simples et gratuits d’IA générative pour accompagner la vérification des faits sur ODIL, par Gérald Holubowicz.

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