L’objectif des campagnes d’ingérence étrangère diffusées sur les réseaux sociaux est de faire basculer l’opinion publique. Y parviennent-elles ? Invité du podcast ODIL, Laurent Cordonier, sociologue et chercheur associé à la Fondation Descartes à Paris, s’est penché sur le sujet.
Certaines opérations d’ingérence étrangères, comme l’affaire des étoiles de David taguées à Paris en octobre 2023, font l’objet d’un large écho médiatique. Qu’en est-il de leur impact sur l’opinion publique ? C’est là tout l’objet de la dernière étude de la Fondation Descartes, publiée en novembre 2024 et coordonnée par le sociologue Laurent Cordonier. 4000 Français se sont prononcés sur le crédit qu’ils accordaient à une série d’affirmations sur les actuels conflits internationaux.
« Les pays qui utilisent des ingérences informationnelles (…) n’arrivent pas à faire basculer l’opinion générale de la population », explique Laurent Cordonier à ODIL. En revanche, les personnes « qui passent le plus fréquemment par les réseaux sociaux pour s’informer sur l’actualité internationale sont en moyenne plus favorables que le reste de la population aux récits russes ou chinois, par exemple. » Elles seraient en effet « plus exposées à des opérations d’ingérence informationnelle que l’est le reste de la population. »
Des politiques publiques à la hauteur de l’enjeu
Comment les États peuvent-ils riposter ? Pour Laurent Cordonier, sous-estimer la portée des campagnes d’ingérence fait courir le risque « d’être déstabilisé par des puissances étrangères », mais une surréaction pourrait amener à « prendre des mesures qui pourraient être liberticides. (…) On abîmerait la démocratie en cherchant à la protéger. » Il s’inquiète également de la probabilité que certains États européens basculent « vers une extrême droite ou un populisme de manière plus générale » et adoptent une régulation à l’encontre du règlement européen sur les services numériques (DSA).
Au contraire, « développer la résilience des populations face à des opérations d’ingérence, sur la désinformation en général (…) est le moyen le moins liberticide de résister à des fausses informations », ajoute Laurent Cordonier, par l’éducation aux médias mais aussi en garantissant à chacun un socle de connaissances en mathématiques, en histoire ou encore en sciences. Une manière d’autonomiser le grand public face aux désordres de l’information, sans restreindre la liberté d’expression.
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