Professeure de science politique, multi-entrepreneure, Carole Alsharabati travaille sur la réforme du secteur public et la lutte contre la désinformation au Liban. L’une des entreprises qu’elle dirige et l’Université dans laquelle elle enseigne viennent d’ailleurs d’être lauréates du dernier appel à projets de l’OIF sur les jumelages entre initiatives francophones. Portrait.
« Mon cœur bat pour la recherche ». Carole Alsharabati est professeure de science politique à l’université Saint Joseph de Beyrouth. Statistiques, théorie des jeux, macroéconomie, résolution des conflits, communication… « J’enseigne à la fois la modélisation mathématique et la science politique ». Elle a également créé trois sociétés, les deux entreprises « tech » Siren Analytics et CME, ainsi que Siren Associates pour le conseil secteur public.
« Tout ce que je fais, ce sont les sciences mathématiques au service des sciences sociales », explique celle qui a étudié 10 ans aux USA. Ce qu’il reste d’américain en elle ? « L’approche très pragmatique, très linéaire de la recherche ». Mais c’est dans son pays d’origine qu’elle travaille, malgré la crise qui frappe le Liban depuis 2019 (coupures d’électricité, taux d’inflation à 70 %) et l’embrasement actuel dans la région et sur le territoire libanais… Pourtant, impensable pour elle d’habiter et de travailler ailleurs. Contrairement à ceux qui rêvent d’Amérique, Carole Alsharabati elle, n’a eu qu’en tête de revenir, « depuis le jour où je suis partie ».
Ce pays, c’est la galère, c’est le chaos, mais il a besoin de nous. J’ai un rôle à jouer.
Son engagement pour la lutte contre la désinformation est né après la pandémie. « Lors de l’implémentation d’un projet, nous avons été victimes d’une vague de désinformation », raconte-t-elle, à propos de ce projet de digitalisation des processus de distribution des vaccins. « Nous avons même été accusés d’être des espions ». Une campagne de désinformation contre son travail se répand, dans les journaux et sur les réseaux sociaux. « On a dû faire une contre-campagne, mais cela prend beaucoup de temps, d’énergie et d’argent pour contrer les fausses informations.»
Cet épisode lui fait prendre conscience que « les plus belles inventions peuvent être détruites par la désinformation ». C’est alors qu’elle décide d’orienter son travail sur la lutte contre la désinformation. Ainsi est née Dalil. Il s’agit d’une plateforme automatisée de vérification de faits reposant sur l’intelligence artificielle (IA). Elle est d’ailleurs inscrite au répertoire des initiatives ODIL. L’intelligence artificielle, elle y croit très fort. « Elle vient augmenter la force du vérificateur de faits, à terme, elle pourra être un moyen d’automatiser les contenus (en la matière).»
Dans le prolongement de Dalil, Carole et son équipe ont travaillé à une nouvelle initiative, d’ailleurs lauréate de l’appel à projets des jumelages des initiatives francophones de lutte contre la désinformation de l’OIF. Aux côtés du média de legal checking Les Surligneurs, elle a développé un outil d’intelligence artificielle permettant de vérifier et sélectionner l’information pour la vérification de faits juridiques. « Ce dernier requiert beaucoup de comparaison de textes, cela génère beaucoup de travail, l’IA fait ce travail de comparaison en quelques secondes.» Un nouveau défi pour la chercheuse & entrepreneur.
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