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En Afrique francophone, les campagnes de désinformation coordonnées prolifèrent

Menées par des acteurs intérieurs ou extérieurs, les campagnes de désinformation coordonnées (désignées par l’acronyme FIMI) prospèrent ces dernières années en Afrique francophone. Invité d’ODIL le podcast, le chercheur et fact-checker Harouna Drabo donne son éclairage sur le sujet et propose des pistes pour limiter les effets de ces campagnes.

Comment définir une campagne de désinformation coordonnée ? Selon le chercheur et fact-checker Harouna Drabo, cela se traduit par « un constat d’actions simultanées pendant un temps donné pour diffuser massivement un récit ». Ces puissants vecteurs de désordres informationnels peuvent avoir recours à « des bots » et à des « cyber-miliciens » qui vont à leur tour faire appel à des dizaines d’autres personnes pour amplifier leur récit. Ils profitent de difficultés déjà existantes sur le terrain, comme les tensions communautaires ou les différends diplomatiques avec l’Occident.

Selon un rapport du Centre d’études stratégiques de l’Afrique, 189 campagnes de désinformation ont touché le continent en 2024, dont 40% issues de la Russie. Harouna Drabo cite également « la Turquie, la Chine, les Émirats arabes unis et même d’autres pays européens ». Il ajoute que « chaque acteur extérieur a compris qu’aujourd’hui, la première chose à amener et à gagner sur le continent africain, c’est la bataille informationnelle ».

La coopération, une réponse efficace aux campagnes d’ingérence

Parmi les acteurs de cette bataille : des influenceurs locaux qui diffusent largement un narratif adapté aux populations ciblées sur les réseaux sociaux ou via des messageries privées. Cela permet de monter en épingle ce que Harouna Drabo appelle des « croyances en dormance », comme une rumeur vieille de plusieurs décennies qui a pris de l’ampleur en 2024, au point de faire l’objet d’une enquête détaillée de la Plateforme africaine des fact-checkers francophones (PAFF).

Comment se défendre ? Si Harouna Drabo salue « la naissance un peu partout d’initiatives de lutte contre la désinformation », il regrette un engagement des pouvoirs publics trop timide voire inexistant. « Alors qu’il faut aujourd’hui une réponse structurée, multisectorielle et transversale pour pouvoir mieux agir sur la désinformation », observe-t-il. Parmi les pistes à explorer, Harouna Drabo cite le règlement européen sur les services numériques (DSA) ou la création d’une instance comme Viginum, service français de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères. Pour lui, « les acteurs de lutte contre la désinformation », qu’ils soient ou non sur le continent africain, peuvent déjà « mutualiser les efforts » et « interconnecter les solutions ».

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