Au moment où la désinformation se propage de plus en plus vite, certains médias francophones se sont dotés d’un nouvel outil pour la contrer : des chatbots conversationnels, voués à aider le grand public et les journalistes à vérifier les informations qu’ils rencontrent. Exemple avec Akili Check, une application développée en Afrique francophone.
Dans l’espace francophone, certains médias de vérification des faits ont décidé de s’emparer de l’intelligence artificielle générative pour en faire un nouvel interlocuteur pour leur lectorat. Certains ont par exemple noué un partenariat avec Vera.ai, portée par l’association française La Réponse. Au Cameroun, DataCameroon a récemment lancé l’application My Data Check. En février 2025, le site Tama Média, l’association malienne La Voix de Mopti et le média sénégalais Sétanal avec Inexiumus, une agence créative ivoirienne, ont mis au point Akili Check. Ce projet est en partie financé par l’Organisation internationale de la francophonie, dans le cadre d’un projet de jumelage d’initiatives francophones de lutte contre les désordres de l’information.
« Vous pouvez avec l’application Akili Check directement poser des questions, soit par message vocal, soit avec un texte, ou bien demander une vérification avec une vidéo ou une photo. L’application est accessible sur les réseaux sociaux, Instagram, WhatsApp, Facebook et directement sur le site Internet », décrit Ambre Delcroix, journaliste pour Tama Média et membre de l’équipe de développement d’Akili Check. Le chatbot puise ses réponses dans une base de données resserrée autour de « 36 médias internationaux, 37 médias sous-régionaux sur la thématique africaine, 29 organes de fact checking et des agences de presse internationales ». Akili Check a aussi une particularité : si l’IA ne parvient pas à satisfaire la demande de l’utilisateur, celle-ci est transmise à des journalistes humains. Ces derniers répondent anonymement, ce qui permet une plus grande liberté de ton à ceux qui travaillent dans des contextes politiques tendus.
Selon Ambre Delcroix, l’idée de la création d’Akili Check répond à des besoins spécifiques à l’Afrique francophone : « Nous avons remarqué la montée de la désinformation concomitante avec des situations d’instabilité politique dans les pays africains, en lien avec des instabilités sanitaires et parfois même sociales », explique-t-elle. De plus, « la possibilité de poser une question par la voix facilite l’accès à l’application pour les personnes qui ne sont pas lettrées, notamment parce que l’application permet aussi aux utilisateurs de poser des questions en langue locale ». Disponible en français, en anglais, en espagnol, en arabe et en bambara, Akili ambitionne d’intégrer d’autres langues africaines à l’avenir.
En plus du grand public, les journalistes peuvent aussi se saisir de la plateforme dans le cadre de leur travail. « C’est un outil qui est aussi à destination des journalistes et qui va les aider dans leur recherche plutôt qu’aller contre eux. Ça crée aussi des métiers cibles qui permettent d’avoir des journalistes spécialisés dans ce domaine », affirme Ambre Delcroix. Akili Check compte aussi s’ouvrir prochainement à d’autres pays au-delà de l’espace francophone, ainsi qu’à d’autres publics comme la jeunesse.
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