Entretien

Basile Asti et Daniel Lancien, de CaptainFact

Un entretien enregistré le 10 septembre 2021, publié le mercredi 17 novembre 2021

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Depuis février 2020, YouTube prétend avoir supprimé plus d’un million de vidéos liées à de la désinformation sur le sujet du coronavirus, selon Neal Mohan, chef de produit du géant américain, dans un billet de blog. Alors que les fausses nouvelles prospèrent dans les contenus vidéos, une initiative les traque et les dément via ce médium: CaptainFact.

Né en 2017, dans un contexte d’élections présidentielles, Captain Fact est une plateforme de fact-checking collaboratif sur des vidéos. Elle se décline en une extension de navigateur qui permet de voir les contenus vérifiés.

Avec ses cinq ans d’existence, l’initiative rassemble plus de 7000 inscrits qui vérifient l’information ensemble. Le principe : des citoyens, développeurs, zététiciens, et autres membres de la société civile se rassemblent autour d’un contenu vidéo et réalisent une vérification collaborative des assertions qui y sont émises. La place est laissée au débat et le sens de la communauté y est fort, l’équipe se rassemblant dans un salon Discord commun régulièrement. 

Dans cette idée d’échange et d’intelligence collective, l’initiative construit d’ailleurs des partenariats avec d’autres projets, notamment la plateforme WTFake d’Aude Favre et l’extension dis-moi.io «qui permet d’augmenter l’information consommée par les internautes sur le Web »

Le but de CaptainFact est d’élever l’esprit critique des citoyens, en leur permettant de se réapproprier l’information. Une équipe d’une dizaine de bénévoles s’occupe du maintien et du développement de la plateforme, de l’animation et de la modération des discours, et de la gestion de la vie associative.

Alors que la vérification de l’information sur le format vidéo prend de plus en plus de place dans le paysage de la lutte contre la désinformation en France -avec la création, cette rentrée, de la cellule des « Révélateurs » par France TVCaptainFact brigue un second mandat présidentiel. L’objectif avoué de l’association est de séduire davantage de partisans mais aussi de diversifier ses vérifications en s’attachant à des thématiques particulière, et de sortir du champ de la vidéo uniquement.


Basile : CaptainFact a été lancé en avril 2017 par Benjamin Piouffle, le développeur principal du projet, encore aujourd’hui membre du conseil d’administration. Il se charge de tous les aspects techniques.

Dans un contexte pré-élections présidentielles, Benjamin a fait le constat qu’il y avait une multiplication des informations, des déclarations, notamment de responsables politiques, dont il n’était pas facile de tirer du sens. Il a identifié ce besoin de proposer une plateforme permettant aux citoyens de se réemparer de l’information, d’en débattre de façon factuelle pour essayer de faire émerger le vrai du faux, et disons orienter nos différentes actions citoyennes ou politiques. Ça, c’était la genèse.

Présentation de CaptainFact

Pendant très longtemps, on est resté une association ou un collectif de fait, sans structure juridique formelle. En 2018, on s’est rapproché du collectif Démocratie Ouverte et on a été incubé au sein de Système D pendant quelques mois. Tout ça s’est finalement concrétisé une bonne fois pour toutes à l’automne 2019, quand on s’est structuré en association de loi 1901. Notre but est de diffuser des outils qui permettent la vérification d’information sur Internet et ça se traduit de deux façons : 

  • valoriser la vérification citoyenne de l’information avec un enjeu de réappropriation de l’information, plutôt que la simple consommation.
  • Plus largement, éduquer, partager quelques bons principes pour initier les citoyens à l’esprit critique.

Guillaume : C’est intéressant : dans la chronologie de la création des initiatives de lutte contre la désinformation, il y a souvent des événements marqueurs. Les deux marqueurs les plus récents évidemment, ce sont la pandémie : on a eu une explosion de ce genre d’initiative avec certaines qui sont mortes très rapidement après …

Vous approchez tout doucement les cinq ans d’existence, puisqu’on arrive à la fin du mandat présidentiel français donc on devrait à peu près être aligné avec la création de CaptainFact. Il y a un événement qui déclenche une envie d’apporter quelque chose à la communauté. Ce qui m’intéresse, c’est qui est derrière ? Quels sont les profils ? On a parlé d’un profil de développeur … Est-ce que vous aviez des profils aussi de journalistes, des gens qui ont traîné leurs guêtres dans le monde des médias ? Comment est-ce que les créateurs se sont retrouvés ?

Basile : On n’a pas commencé avec des gens qui venaient du milieu du journalisme ou de la presse, ni finalement avec des spécialistes ou universitaires qui fassent référence sur ces questions. Cela partait vraiment d’un constat citoyen, fait par Benjamin. Dans ce contexte ou l’on a une hypertrophie, une explosion de l’information, qui finalement n’est plus simplement générée par des médias mais est aussi générée par n’importe quel utilisateur à l’ère d’internet.

On sentait finalement qu’il y avait un espace à occuper en complément des rédactions, notamment les services de fact-checking qui, depuis 4-5 ans, ont explosé. Les raisons sont très simples : le bon travail que font les services de fact-checking se limitent à leur disponibilité en terme de ressources, en termes de journalistes qui peuvent s’y consacrer. Également, est influencé par certains choix éditoriaux parce que tout n’as pas forcément mérite à être vérifié par des rédactions. Et puis simplement une question de temps : on sait que c’est impossible de tenir le rythme du contenu qui est créé, notamment sur des plateformes comme YouTube, comme Facebook. On savait que le fact-checking professionnel ne pouvait rester qu’une goutte d’eau dans ce paysage informationnel.

Guillaume : Ça part d’une démarche citoyenne, c’est ce ce que j’entends, et d’une démarche qui va aller étendre la vérification des faits au-delà des simples articles de presse finalement. Parce qu’on a cette source d’information mais un des problèmes rencontrés aujourd’hui, c’est qu’on a une génération ou une frange la population, quelle que soit son âge d’ailleurs, qui se détourne des médias traditionnels, qui s’informe par d’autre voies.

Si je comprends bien, CaptainFact est en capacité de montrer où de donner de l’information, de la méta-information finalement sur la véracité ou pas d’une publication. On va peut-être rentrer dans le détail de comment ça marche ? La première visualisation que j’ai, c’est une extension pour mon navigateur Web. C’est ça la démarche, c’est comme ça que c’est présenté au public la première fois ?

Capture d’écran du site CaptainFact – consulté le 06/10/2021

Basile : Pas seulement. On a finalement deux produits qui sont liés. Le premier c’est un site Web, que l’on appelle la plateforme, pour faire simple. On a une philosophie citoyenne, de collaboration, d’ouverture. N’importe quel internaute peut venir proposer, sur cette plateforme, une vidéo YouTube, ou Facebook, qu’il souhaite soumettre à vérification, puisqu’il juge qu’il y a quelque chose à vérifier. C’est la première étape : l’ajout d’un contenu vidéo respectant certaines règles sur la plateforme.

Guillaume :  donc ça c’est le signalement, c’est comme ça que ça rentre dans la machine?

Basile : : C’est comme ça que l’on répertorie du contenu qui a vocation à être vérifié.

La seconde étape, finalement assez laborieuse aujourd’hui : dans ce contenu vidéo, il y a un certain nombre d’intervenants, faisant un certain nombre de de déclarations dont certaines sont de l’ordre de l’opinion, mais dont un certain nombre méritent vérification parce qu’elles avancent des faits qu’elles prétendent sourcer. Après l’ajout du contenu sur la plateforme, la seconde étape est ce travail d’extraction de l’ensemble des propos qui méritent d’être vérifiés. Ensuite, l’ensemble des utilisateurs inscrits sur CaptainFact peuvent, sur chacun de ces propos, proposer des sources qui infirment ou qui réfutent le propos en question. Ils peuvent également de façon un peu plus neutre, quand il est difficile de trancher, apporter simplement de la contextualisation.

Conditions de la vérification collaborative de vidéos.
Source : capture d’écran du site CaptainFact – consulté le 06/10/2021

Une fois que ceci a été fait, que des sources ont été proposées, l’ensemble de la communauté évalue à nouveau l’ensemble de ses sources (confirmation, réfutation) avec un système, qui sera assez familier je pense pour les gens de ma génération, de vote à la hausse ou à la baisse similaire à ce qui peut exister sur Reddit. Cela permet en utilisant l’intelligence collective de faire remonter des contributions sourcées, qui sont considérées de qualité, qui vont être proposées ensuite. Ce que tu disais Guillaume, le deuxième bloc de la solution CaptainFact c’est une extension de navigateur permettant de réinjecter directement ces vérifications collaborative sur YouTube.

Guillaume : En clair si j’ai l’extension installée dans le navigateur, que je suis en train de regarder une vidéo sur YouTube, si la vidéo que je suis en train de consulter est passée au travers du processus de CaptainFact, je suis notifié. 

Basile : Exactement. La façon dont ça se traduit c’est une pastille CaptainFact qui apparaît sur la vidéo YouTube sur laquelle tu peux cliquer.

Daniel : Oui, et puis après tu vas avoir des indicateurs quand tu la lis qui te mettent des indicateurs rouges ou verts en fonction de s’il y a des réfutations ou des approbations de ce que dit l’orateur.

Nelly : Vous avez choisi de faire de la validation, de la labellisation de contenu. Vous êtes focalisé essentiellement sur le contenu vidéo, et sur l’aspect collaboratif de votre travail. Quand vous dites de l’ensemble de la communauté Captain Fact vérifie une vidéo, en postant des indications dans les commentaires, qu’est-ce que ça signifie ? Ca représente combien de personnes  ? 

Basile : Quand on parle de « communauté CaptainFact », c’est à dire l’ensemble des utilisateurs qui se prête à ce travail d’extraction, de citation, de vérification sur cette citation etc. on a aujourd’hui environ 7000 utilisateurs sur la plateforme. Ce sont des gens qui crée un compte sur CaptainFact dont on peut supposer qu’ils se sont déjà livrés à cet exercice de vérification collaborative. À côté de ça, le site attire entre 400 et 900 visiteurs uniques par jour qui viennent simplement prendre connaissance des vérifications ou consommer du contenu vidéo sur CaptainFact.

Guillaume :  Est-ce que vous vous trouvez des similitudes avec un Wikipédia de la désinformation finalement ? Parce qu’il y a un côté très collaboratif avec une sorte d’auto-gestion où on va aller soumettre des idées et puis on fait le tri pour que le plus vraisemblable mais pas toujours le plus exact soit publié …

Basile : Alors Wikipédia toujours été un inspiration, notamment pour Benjamin qui était à l’origine du projet CaptainFact. L’équipe que Daniel et moi représentons aujourd’hui ne joue pas tant le rôle d’arbitres qui peut exister je crois sur Wikipédia, par le biais du rôle des éditeurs qui viennent trancher des débats qui pourraient avoir lieu sur la modification d’une page ou d’une autre.

Nous espérons que ce travail peut se faire de façon finalement naturelle, par l’intelligence collective ou en tout cas la collaboration entre différents utilisateurs.

Basile Asti, CaptainFact

C’est parce ce que ma contribution, moi Basile, va être évaluée par 10 ou 12 utilisateurs  : c’est ce qui va impacter le fait qu’elle ressorte, qu’elle soit mise en avant ou pas. Sur ça c’est assez libre à une philosophie d’ouverture, de projet qui se veut démocratique. On ne veut pas jouer le rôle d’arbitre en dernière instance ; on le fait bien entendu pour tout ce qui est insulte, provocation etc … mais on considère que Captainfact aujourd’hui est un espace de débat sur des bases factuelles. Le consensus, en tout cas le plus vraisemblable, peut ressortir à ce moment là.

On remarque qu’on est plutôt un agrégat de communautés qui sont arrivés sur la plateforme pour des raisons différentes, à partir de centres d’intérêts différents. Typiquement, on a quelques communautés qui sont extrêmement liées aux chaînes YouTube avec lesquelles nous sommes partenaires et qui mettent en avant que leur contenu peut être vérifié sur CaptainFact. Ça représente déjà un certain nombre d’utilisateurs. Après, il y a différentes personnes qui viennent pour différents centres d’intérêt. Au premier rang de tout ça il y a des milieux zététiques, sceptiques, et beaucoup de milieux un peu plus scientifiques et médicaux.

Chaînes YouTube partenaires de CaptainFact
Source : Capture d’écran du site CaptainFact – consulté le 06/10/2021

Nelly : Des partenariats donc avec des chaînes YouTube comme ça vient d’être juste mentionné … Des partenariats éventuellement avec d’autres structures existantes ? Des structures de vérification, de labellisation, ou vous travaillez dans votre coin; bien qu’une communauté de 7000 utilisateurs soit quand même assez visible ? 

Basile : Je ne sais pas si on travaille dans notre coin … En tout cas nous en tant qu’équipe qui s’occupe du projet, on est toujours très intéressé de multiplier les prises de contacts avec différentes communautés qui font des choses similaires, ou avec des personnes qui vont développer des solutions similaires.

Deux exemples que j’ai en tête :  on a organisé plusieurs fois des ateliers de vérification collaborative avec des communautés tierces. Avec la communauté de Aude WhatTheFake, cette journaliste qui fait un super travail sur tout ce qui est lutte contre la désinformation, qui est très active. C’est un exemple, c’est quelque chose qu’on a répété, comme je disais on essaye de trouver des synergies avec différents projets qui font des choses un peu adjacentes à la nôtre. En termes de partenariat un peu structurés, aujourd’hui nous sommes partenaires d’une extension de navigateur dis-moi.io  qui permet d’augmenter l’information consommée par les internautes sur le Web 

Nelly : On mettra en description de ce podcast les liens inhérents à votre initiative

Guillaume : On a une communauté de 7000 citoyens … Je ne sais pas trop comment les qualifier. Utilisateurs finalement ? Vérificateurs peut-être ? Tous ne sont pas vérificateurs. En tout cas, 7000 inscrits sur le site. On a un mécanisme de signalement, on va aller faire confiance à la masse en fait et puis au bon sens collectif, c’est un des principes utilisés dans le projet. Comment est-ce que vous pouvez être sur, puisque vous ne faites pas de vérification vous-même, vous laissez la communauté faire, que vous ne vous faites pas troller ? Parce qu’on sait que les gens sont capables de mobiliser des quantités assez importantes de trolls et de cibler leurs actions sur quelque chose. Est-ce que vous avez des mécanismes de prévention de ce genre de comportement?

Daniel :  Oui, alors on s’est fait un petit peu troller mais à vrai dire il n’y a pas de vrais mécanismes. Il y a ce qu’on appelle le système de réputation qui fait qu’il a y avoir un certain nombre de points, d’historique sur la plateforme, qui permet de faire un certain nombre de choses. Maintenant, quelqu’un qui a une réputation faible peut prendre certaines actions comme contredire des vérifications sans citer de source etc. Il y a un espèce de système de régulation autosuffisante par certains côtés qui est la partie des autres utilisateurs qui vont dire « Pourquoi tu réfutes ceci ? » Il peut y avoir des discussions assez poussées là dessus. Si potentiellement il y a une bande de trolls qui démarre et qui arrive, on n’a pas de mécanisme. On a vu sur hold-up, pour rappeler un bon exemple

Guillaume : Daniel on va rappeler que c’est documentaire conspirationniste mais avec une haute qualité technique de production qui a été très largement diffusé en France où il a recueilli, je crois, plus de 2 millions et demi de vues …

Daniel : oui. Alors pour Hold Up par exemple on a eu ces gens qui ont débarqué, qu’on ne peut pas appeler des trolls mais plutôt des avocats de Hold Up,qui sont venus flooder avec des désapprobations, des choses qui n’avaient aucun sens. Mais les gens ont finalement réagi, et on a eu juste de la modération à faire. C’est à dire que quelqu’un qui dénonce des mauvais propos ou des choses comme ça, on va pouvoir le valider en tant que modérateur. Et ça s’est bien passé … Alors on n’est pas à l’abri de ce genre choses. On a initiative qui démarre autour des élections présidentielles, il faudra qu’on se pose la question mais a priori le système a bien fonctionné. On a des logs, on a un certain nombre de choses, on est suffisamment actifs -des gens comme Basile sont suffisamment actifs- pour voir ce qui se passe. C’est de la réactivité à la demi-journée, on n’est pas réactif à la minute.

Nelly : C’est un travail qui est uniquement fait par des bénévoles. Vous êtes constitué en association. C’est un travail qui est quand même titanesque et qui existe depuis cinq ans. On en parlait un petit peu au début : est-ce que vous avez des sources de financement qui vous aident à développer vos extensions, fédérer votre communauté ou éventuellement à rémunérer des gens ?

Basile :Pendant très longtemps on a été une association de faits, et on s’est majoritairement financés par l’intermédiaire des dons. Il y a une plateforme qui s’appelle Opencollective, qui nous servait d’hôte fiscal. L’avantage d’OpenCollective est que c’est extrêmement transparent : vous trouverez le lien en description pour voir l’ensemble de nos recettes et de nos dépenses. Aujourd’hui notre budget est extrêmement limité, autour de 1500 ou 2000 € par an.

Effectivement comme le soulignait Nelly, cela pose un certain nombre problèmes, particulièrement pour tout ce qui a trait au développement de nouvelles fonctionnalités. Aujourd’hui CaptainFact est positionné sur de la vérification de contenu vidéo, ce qui crée un certain nombre de problèmes, notamment le fait que sur chaque vidéo, il faut recommencer l’exercice … Il y a une masse de contenu qui est produit chaque jour, qui mériterait vérification, mais elle est telle qu’à la main, on ne peut pas s’occuper de tout ça.

Aujourd’hui, l’axe principal de développement de CaptainFact et qui a été largement co-construit et suggéré avec les utilisateurs, c’est de s’orienter vers une vérification par sujets et non plus par contenu vidéo, ce qui permettrait d’avoir une approche un peu plus encyclopédique de cette vérification de l’information et d’éviter ce processus de répéter à chaque nouveau contenu l’exercice de vérification.

Basile Asti, CaptainFact

Guillaume : Oui ça veut dire que vous auriez des équipes au sein de vos collaborateurs qui se spécialiseraient sur un certain type de sujet et que des contenus à vérifier seraient orientés vers ces équipes-là, ce qui garantirait un traitement plus rapide et un degré de confiance qui sont plus élevé.

Basile : C’est effectivement c’est un des avantages que ça aurait. Je ne pense pas que ça remplacera complètement les vérifications par contenu vidéos, qui peut toujours avoir son mérite. Ça permettra surtout de relier des contenus similaires, une vérification existera de façon indépendante des contenus auxquels elle sera rattachée.

Guillaume : Ça, et de contextualiser aussi pour le lecteur finalement. Parce que ce que vous faites c’est que vous essayez de donner une image plus large de la formation de la désinformation plutôt que de jouer au jeu ou, avec un marteau, il faut taper sur la tête de la taupe qui sort du trou (le whack a mole américain)

Basile : C’est une bonne image, c’est comme ça qu’on se sent parfois limités aujourd’hui

Nelly : Finalement on en parle depuis tout à l’heure, quels vont être ces sujets ? Vous vous êtes construit pour l’élection présidentielle il y a cinq ans, on a une nouvelle élection présidentielle qui arrive … Est-ce que vous avez un projet qui va dans ce sens là ou est-ce que ça va être des sujets plus classiques et habituels, qu’on a l’habitude de retrouver dans du fact-checking ?

Daniel : Pour la campagne présidentielle, ce qu’on essaye de faire c’est de définir des méthodes pour valoriser, pour aider les équipes de campagne à soumettre quelque chose et que la communauté puisse la vérifier. Tous les autres aspects classiques on va dire, que ce soit le changement climatique, les vaccins, de grands domaines, l’économie, etc, je pense que ça restera ouvert de la façon actuelle tant qu’on n’aura pas fait cette V2. Pour les élections présidentielles, ce qu’on prévoit de faire c’est plutôt une espèce de visualisation pour faciliter pour les gens pour aller regarder ce qui est relatif à la campagne plutôt qu’une autre méthode de fonctionnement.

Basile : Le développement de cette V2 de CaptainFact et de la vérification par sujets va prendre un certain temps, et finalement être conditionnée par l’obtention d’un financement qui va nous permettre de payer un développeur à plein temps sur une période de plusieurs mois au moins.

Nelly : Est-ce que vous êtes présents ailleurs que en France, voire ailleurs que dans la francophonie  ?

Basile : Bonne question ! Effectivement une initiative d’abord française, initiative libre open source : l’ensemble du du code est finalement mis à disposition et peut être reproduit. Grâce à la traduction qui est effectuée par des contrbuteurs bénévoles, la plateforme est aujourd’hui disponible dans quatre langues : en anglais, espagnol et en arabe.

Une petite anecdote intéressante sur le cas de l’arabe : Fin 2019, on a été contacté par certains milieux citoyens activistes algériens qui voulaient se servir de la plateforme CaptainFact pour vérifier. Dans un contexte de Hirak, de révolution citoyenne contre la corruption du gouvernement et des élites, ils voulaient utiliser cette technologie là pour vérifier les différentes déclarations de responsables politiques à la télévision publique algérienne. Ce sont ces gens-là qui ont traduit le site en arabe et puisque le projet est open source, ils ont pu aussi mettre en place une instance dédiée à leur communauté d’activistes citoyens, qui s’appelait à l’époque AlgériaFact je crois. Finalement ils ont pu réutiliser la technologie pour un cas d’utilisation qui a beaucoup de valeur pratique et démocratique. Aujourd’hui peut-être pour nuancer : le site web est disponible. Il est clair que avec notre petite équipe bénévole, l’angle d’attaque principal est le développement de la communauté francophone de CaptainFact : grossir le nombre d’utilisateurs, de faire des communications ou de conclure des partenariats avec des créateurs de contenu. Aujourd’hui, on se focalise plutôt sur la France et la Francophonie.

Nelly : On vous souhaite de tout cœur d’y arriver, d’arriver à grandir encore et peut-être de s’embarquer pour un nouveau mandat présidentiel …

Basile : Un dernier petit mot peut-être si je peux. On a un fonctionnement extrêmement horizontal, donc un petit message tous les auditeurs de ce podcast : tous les mardis soirs à 21h sur notre Discord, il y a des rendez-vous hebdomadaires ouverts où n’importe qui peut nous rejoindre, poser ses questions, faire ses suggestions. On traite général, avec les membres de l’équipe qui sont là, l’ensemble des attentes des présents. N’hésitez pas à nous rejoindre pour comprendre un peu comment on fonctionne !