Tombé amoureux de l’Asie du Sud-Est il y a 20 ans, le journaliste français Fabrice Turri est engagé depuis longtemps dans la lutte contre les désordres informationnels dans la région. Il coconstruit le projet d’éducation aux médias “Médiasie” avec des partenaires cambodgiens et laotiens et l’Organisation internationale de la francophonie. Portrait.
Pour Fabrice Turri, le journalisme, « c’est un peu une ouverture sur le monde ». Une manière « de rencontrer des gens, différents interlocuteurs, de milieux différents, plutôt que de rester cloisonné dans son secteur ». Son diplôme de journalisme en poche, il part pour le Vietnam en 2006 en tant que volontaire international d’administration (VIA). « J’ai adoré le pays. Ça a vraiment été une bouffée d’air pur. Et donc, je suis resté », explique-t-il. Après être retourné trois ans en France, où il travaille pour des chaînes de télévision, Fabrice Turri revient s’installer durablement au Vietnam. « J’ai habité en Asie du Sud-Est pendant plus de 20 ans. Mon épouse est vietnamienne et mes enfants ont la double nationalité », confie-t-il.
Fabrice Turri a ainsi noué des liens étroits avec la région mais aussi avec plusieurs médias locaux. Coordinateur régional du projet « Des médias, une santé » de CFImedias, il a sensibilisé des dizaines de journalistes philippins, vietnamiens, laotiens et cambodgiens à l’impact des bouleversements environnementaux sur la santé. Avec Bounheng Southichak, directeur de la radio Lao Youth Radio au Laos, et Try Thy, directeur exécutif de la plateforme Open Development Cambodia (ODC) au Cambodge, il a présenté à l’Organisation internationale de la francophonie son projet personnel : Médiasie.
L’objectif du projet est de lancer un vaste appel à candidatures pour recruter et former une soixantaine de formateurs à l’éducation aux médias et à l’information (EMI) au Laos et au Cambodge. Au programme : une formation en ligne, avec des ressources « qui se veulent plutôt ludiques parce qu’on s’adresse plutôt à un public jeune », suivie de l’organisation d’événements « à Phnom Penh et au Vietnam », où les candidats retenus et les formateurs passeront en revue « l’ensemble du matériel pédagogique ». À leur tour, ils pourront transmettre leur savoir à 2 500 bénéficiaires, principalement en milieu scolaire et universitaire. « En matière de lutte contre la désinformation, il y a toujours de nouveaux outils qui apparaissent, de nouveaux défis. J’attends de finaliser le contrat avec l’OIF avant de totalement mettre au point les ressources et le matériel de formation qu’on va délivrer pour les formateurs laotiens et cambodgiens », précise Fabrice Turri.
Les défis sont nombreux dans ces deux pays où « il n’y a pas vraiment de presse libre » et « une faible couverture des médias indépendants », observe Fabrice Turri. S’ajoutent à cela des disparités d’accès à l’information entre la ville et les campagnes, « une tendance des autorités à utiliser le prétexte de la lutte contre la désinformation pour accroître le contrôle et pour censurer davantage » et « la forte exposition des jeunes aux réseaux sociaux, avec peu d’outils pour distinguer le vrai du faux ». D’où l’idée de développer l’EMI en s’appuyant sur l’ensemble de la société civile pour proposer des outils adaptés au contexte local. S’il est encore trop tôt pour savoir quand le projet sera lancé, le coordinateur du projet espère pérenniser Médiasie au-delà de la collaboration avec l’OIF.
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