Activiste, fact-checkeur, chercheur, blogueur, formateur, consultant dans l’innovation et le contenu éditorial… Difficile d’associer une seule et même fonction à Sally Bilaly Sow. À 32 ans, le cofondateur de GuinéeCheck veut aller vite, transmettre et donner aux jeunes générations l’envie de s’investir pour le bien commun et de lutter contre la désinformation. Portrait.
Pour tenter de comprendre qui est Sally Bilaly Sow, il faut se rendre sur son profil X (53,7 K abonnés). Epinglée, cette photo de lui, en train de filmer. Dans son dos, un petit garçon le regarde et se penche au dessus de son épaule. « Je voudrais tellement le retrouver, je suis tellement triste à l’idée qu’il était derrière moi, si seulement je l’avais vu.» Ce regret sincère de ne pas avoir pu à cet instant transmettre quelque chose à ce garçon est dans l’ADN de Sally Bilaly Sow. « Le meilleur savoir est celui que l’on partage », avait-il lu dans le bureau de sa jeunesse. Ce partage est bien ce qui l’anime, notamment auprès des jeunes générations : « c’est important d’aller à la rencontre des publics, des jeunes, notamment sur TikTok, leur apprendre le fact-checking », indique ce diplômé de l’Université Ahmadou Dieng de Labé, dans le nord de la Guinée. Aller là où sont les publics, c’est ce qui meut également le journaliste : « je suis très heureux d’être ici, même si c’est un défi. Le message que je veux envoyer, c’est partout où nous sommes, on peut réussir ».
Ce lauréat d’un précédent appel à projets Initiatives de jumelages francophones de l’OIF est le créateur de Villageois 2.0, (qui porte GuinéeCheck). L’association créée en 2018 se concentre sur les plus grands enjeux numériques actuels : « Lutter contre la fracture numérique d’abord, encourager l’utilisation rationnelle des réseaux sociaux – dans un pays où le taux de pénétration de l’Internet est trop bas – et la lutte contre le cyberharcèlement », explique le journaliste. Le site de vérification de faits GuinéeCheck -financé par l’OIF- est né avec la pandémie de Covid, « beaucoup d’initiatives en lien avec la crise sanitaire ont disparu, nous voulions que cette plateforme dure dans le temps et s’adapte dans les différents contextes ». Pari réussi pour ce site de vérification des informations très suivi, également producteur de podcasts en langues locales, avec ses 12 000 abonnés sur Facebook, ses 1 000 à 2 000 visiteurs par jour sur le site. GuinéeCheck a par ailleurs récemment intégré de nouveaux locaux à Labé. La plateforme propose également des vidéos tutorielles pour apprendre à vérifier des images, des vidéos et une information sur les réseaux sociaux.
« La défiance des citoyens envers l’information et le journalisme, c’est ce qui me donne le courage de continuer GuinéeCheck »
Sally Bilaly Sow
Mais alors d’où tient-il ce besoin de partager, de transmettre ? Celui qui « se protège quotidiennement de la désinformation » l’explique par les valeurs transmises par ses parents. Ce fils de militaire à qui l’on a appris par l’exemple l’importance de l’entraide, « sans entraide, pas de société qui tienne ».
Ses projets d’avenir ? « Je souhaite développer GuinéeCheck, être toujours au service des autres, renforcer l’axe de la gouvernance locale et l’éducation à la citoyenneté dans notre travail », lance celui qui également travaillé pour RFI et collabore avec Les Observateurs de France 24. Un autre projet lui tient à cœur : poursuivre ses études, « j’ai envie d’acquérir du savoir et des compétences spécifiques à la gestion de projet ». Une nouvelle ligne sur un CV déjà très riche pour ce jardinier amateur et lecteur de rapports assidu sur son temps libre. Cultiver et apprendre.
Photo : OIF
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